Durée du traitement pharmacologique suite à un 1er épisode psychotique induit par une substance

Contexte et question: “Avez-vous des recommandations par rapport à la durée du traitement pharmacologique lorsque le 1e épisode psychotique semble induit par une substance?” (Dre L-N. 2021-05-27)

Réponse:

C’est donc en lien avec: https://drminh.rdc.uottawa.ca/outils-web-du-ppv20/autres-fichiers-utiles/ (Niemi-Pynttäri JA, Sund R, Putkonen H, Vorma H, Wahlbeck K, Pirkola SP. Substance-induced psychoses converting into schizophrenia: a register-based study of 18,478 Finnish inpatient cases. J Clin Psychiatry. 2013 Jan;74(1):e94-9. doi: 10.4088/JCP.12m07822. PMID: 23419236. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29179576/)

En somme, c’est 50% des patients qui deviennent schizophrène/bipolaire sur 5 ans. L’autre étude est par Starzer (Starzer MSK, Nordentoft M, Hjorthøj C. Rates and Predictors of Conversion to Schizophrenia or Bipolar Disorder Following Substance-Induced Psychosis. Am J Psychiatry. 2018 Apr 1;175(4):343-350. doi: 10.1176/appi.ajp.2017.17020223. Epub 2017 Nov 28. Erratum in: Am J Psychiatry. 2019 Apr 1;176(4):324. PMID: 29179576. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29179576/)

On prend ça au sérieux. Ce n’est pas une simple intoxication au cannabis. Je recommande une observation avec une médication pour à peu près 6 mois: 2-3 mois stable sur la même dose qui a été efficace pour libérer la personne de la psychose, puis si elle va bien, on tente de diminuer et il faut bien observer la personne. J’ai quelques patients comme ca que je continue à suivre – initialement psychose induite “juste avec du pot”, qui sont bien sur une faible dose d’abilify maintena à 200mg ou invega sustenna à 50mg et qui demeurent un peu symptomatique, mais fonctionnels et à mon sens rétablis. Le Dx demeure quand même la schizophrénie, mais une schizophrénie rétablie.

Si on réussit à sevrer complètement la personne de la Rx, on veut une période de stabilité d’au moins 1 an avec un retour à une vie normale et au stress normal de la vie, pour être relativement confiant que la personne pourra être bien sans médication et qu’elle comprenne l’importance d’une très bonne hygiène de vie pour le maintien de sa stabilité. Ainsi on explique explicitement que la condition quasi sine qua non pour exaucer le vœu de la personne de cesser la Rx = qu’elle atteigne et maintienne une bonne hygiène de vie (https://drminh.rdc.uottawa.ca/modele-des-4-piliers/). Le contexte du sevrage possible de la Rx crée donc une situation pour encourager la personne à changer et prioriser à sa santé. On ne tente pas la diminution de la Rx sans que la personne ne se responsabilise. Les efforts et la “prise de risque” doivent être bilatéraux: de la part de l’individu et du clinicien. Ensuite toutes les possibilités sont possibles: il y a des patients qui font +++ attention à leur santé et qui rechutent malgré tout et il y a des patients qui s’engagent moins dans leur hygiène de vie et qui restent bien. Le outcome que j’observe ressemble à l’étude OPUS 2017 –  Gotfredsen, D. R., (2017). Stability and development of psychotic symptoms and the use of antipsychotic medication – long-term follow-up. Psychol Med, 47(12), 2118-2129 https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28382874/.